Texte et Musique: Miquel Pujadó
Des mots simples, / peut-être même un peu cons, / mais on s’en fout. / Une mélodie douce, / fraîcheur de mousse, / voix de boulevard. / Le disque est vieillot, / plus d’un peut se lasser / de son refrain, / mais il a fait mouche / dès que je suis entré / dans ce bar bizarre. / Le hasard ouvre le jeu, / la vie éclabousse / l’assoiffé. / Dans les tranchées, / alors que tu ne t’y attends pas, / il tombe un averse. / On a tant marché / en se cognant le nez / qu’il vaut la peine / cueillir de bon gré / ces rares / instants fugitifs / que certains appellent / bonheur. / Le thé fume, / et je n’envie pas / aucun de ces passants / qui courent sous la pluie, / dans le remue-ménage / de la Grande Rue. / Qui est-ce qui se penche devant moi? / Ses seins / m’ont ébloui. / Son sourire / est une table offerte: / je reste coi. / Le hasard… / Elle prend une chaise, / s’assied et me regarde / dégoulinante, / et me dit: “Tiens! / Celui qui chante / n’est-il pas Yves Montand?” / Quelle surprise, / être tombé sur une conaisseuse / en matière de chanson. / Elle adore Brassens / mais sa faiblesse / c’est Souchon. / Le hasard… / Les heures passent, / les doigts s’enlacent, / la glace fond. / La lune nous trouve / plutôt nus / dans un lit d’hötel. / La chambre est vieillotte: / il n’a qu’une étoile, / l’établissement, / mais ça ne me gêne pas, / du moment que j’y puis étreindre / un firmament. / Le hasard… / Au petit matin / elle s’endort fatiguée / contre ma poitrine. / Moi, je regarde le plafond / en sifflotant notre / chanson, ce vieux tube / qu’alors que j’étais encore / à la recherche d’une mère / (c’est une façon de le dire), / Montand chantait / et enregistrait / rien que pour moi. / Le hasard…