SOMRIURES QUE MOSSEGUEN (DES SOURIRES QUI MORDENT)

Texte et musique: Miquel Pujadó

Je connais des révolutionnaires qui sont devenus des tyrans
dès qu’ils ont senti se débattre le pouvoir dans leurs mains.
Mais je connais des révoltés qui ont fait de l’insubmissiom
le motif principal de leur condition.
Je connais des révolutionnaires qui habitent maintenant dans des palais
bâtis de pierre ou de prestige, et qui gonflent comme des crapauds.
Mais je connais des révoltés qui s’habillent d’haillons
et auxquels on réserve des asiles d’aliénés, des cachots et des goulags.

La révolte, c’est le sourire, mais c’est un sourire qui mord:
scalpel qui penètre dans la chair,
fil à couper le beurre.
Elle aide l’insurréction à ne pas devenir grégaire.
Elle évite que la provocation devienne conventionnelle.
Elle fait que ni la vérité soit intouchable et primaire
ni l’hérésie orthodoxe ni la transgression morale.
Trop d’illuminés veulent te rendre heureux, mais à quel prix!
Chacun doit être son propre Prométhée!

Je connais des révolutionnaires qui ont allumé des bûchers
en croyant naïvement pouvoir changer le monde et les destins.
Mais je connais des révoltés qui sont ce qu’il y a de plus lucides
et qui ne croyent en aucun changement qui ne vienne pas d’eux-mêmes.
Je connais des révolutionnaires qui ont le dogme comme but
et qui on forcé la réalité pour qu’elle y coïncide.
Mais je connais des évoltés qui choisissent la connaissance
et qui exposent leurs certitudes aux cruelles poussées du vent.

La révolte…

Je connais des révolutionnaires obsédés, qui ont soumis
l’individu aux idées, tout en réduisant l’homme au néant.
Mais je connais des révoltés qui ne veulent pas oublier
qu’une vie n’a pas de prix et ne peut pas être remplacée.
Je connais des révolutionnaires qui défont l’ordre établi
rien que pour en imposer un autre, comme qui peindrait le bleu en vert.
Mais je connais des révoltés pour qui toute autorité,
qu’elle soit humaine ou divine, / n’est digne que d’un troupeau.

La révolte…

Je connais des révolutionnaires aussi sérieux que glacials,
bâtisseurs de paradis de grisaille et solitude.
Mais je connais des révoltés qui se méfient d’un éden
où le doute est interdit et l’ironie incomprise.
Je connais des révolutionnaires qui ont peur de paraître
vulnérables s’ils sourient ou s’ils aprennent a aimer.
Mais je connais des révoltés qui ont compris qu’ils ont la force de leur tendresse,
et qui refusent de s’installer des serrures dans le coeur.

La révolte…

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