NO EM TROBARÀS A FALTAR (JE NE VAIS PAS TE MANQUER)

Texte et Musique: Miquel Pujadó

Me voici tout seul dans la chambre / 451. / Je suis en terre de personne, / entouré de murs couleur d’ambre, / un poste TV, un meuble-bar / et les punaises de l’absence / qui traînent leur indolence / dans des draps privés de mer. / Dans quelques jours, petite, / collée à d’autres lèvres / et avec des doigts habiles et sages / qui se proméneront par ton cul, / tu n’auras pas besoin d’aide / pour me ranger dans la malle / de la mémoire, fermé / à clé et sous verrous. / La Terre continuera à tourner, / il se peut qu’une guerre éclate / ou qu’une paix chancelle, / et ta vie suivra son cours, / affolée ou assoupie, / entre pluies et ciel bleu. / Quand tu partiras en voyage tu ne verras pas même / au moment de quitter la plage / que j’ai déserté le bateau. / Je suis sûr que demain / je ne vais pas te manquer. / Ou peut-être quand tu ne t’y attendras pas, / au début de l’automne, / tu sentiras un peu de froid / (la vie a de ces mystères) / et ta main inconsciente, / dans la chambre sans lumière, / cherchera comme celui qui chasse des mouches / mon corps disparu. / Dans peu de temps, mon amour, / juste à l’heure des sorcières, / tu sauras écarter les cuisses / d’argent de la nuit, / et tu y pénétreras, entourée / de grimaces et de bruit, / mais sans le crétin / qui te suivait comme un esclave. / Toi et l’obscurité, vous étiez des copines; / moi je m’endormais à trois heures / près d’un whisky sur glaçons… / Maintenant, tu te sentiras enfin libre, / tu oublieras la montre et tu pourras vivre / tout en partageant un bout d’étoile / avec quelque archange aux ailes sales, / de ceux qui font les marlous / par les banlieues du septième ciel. / Je suis sûr… / Ou peut-être un petit matin / sans y penser / ton index composera / soudain mon numéro. / Mais avant le troisième coup / tu raccrocheras, plus qu’ennuyée / d’avoir baissé la tête / comme une p’tite conne. / Bien avant que tu ne le crois, / (il n’y a pas de mal qui soit éternel), / lorsque soudain l’ascenseur / s’arrêtera à ton palier, / tu ne sentiras plus des épines / qui te aiguillonneront le coeur, / et, collée au judas, / ta peau ne deviendra plus désir. / Je ne serai qu’un de plus entre tous ces fantômes / exilés des orgasmes / auxquels je ne suis plus invité. / Et, si un jour tu veux faire marche arrière, / tu verras que le temps d’attente / a labouré en cachette, / que mes photos s’effacent déjà / et que les vers de l’oubli rampent / sur ma face rongée. / Je suis sûr que demain / je ne vais pas te manquer, / ainsi que je suis sûr / que sans toi je ne suis plus rien.

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