Texte et Muisique: Miquel Pujadó
est un vieil appartement du Quartier Gothique.
Il n’y a de place que pour nous deux
et nous sommes les seuls a en avoir la clé.
C’est un retranchement de l’enfance,
notre liquide amniotique,
quelques miettes de tendresse
dans un tiroir doublé de paix.
Dès l’enfance, toi et moi nous rêvions, chacun pour soi,
d’un réfuge de pirates, d’un abri bien caché.
Mais les grottes à Barcelone ne les trouve pas qui veut,
ni les cabanes sur les platanes de l’Eixample (1), et j’en suis désolé.
Aujourd’hui, tu as un mec, un enfant, le remue-ménage quotidien.
Moi, tu vois, qu’est-ce que tu veux que je te dise? À peu près la même chose.
Et maintenant qu’on n’est plus aussi jeunes que ça, on s’est dit que c’est le moment
de nous injecter l’aventure et de narguer le vent.
Notre maison…
Le repaire est petit, usé et sombre, mais dès qu’on y met les pieds
et tu fais du café, soudain il devient un vrai palais.
Des coussins, une table, des chaises, un matelas moelleux…
Le Paradis n’a pas besoin de beaucoup de trucs pour nous rendre visite.
Enfin, s’il faut être sincère, il y a aussi un ordinateur
(pouvoir travailler en silence est un plaisir) et un radiateur
parce que tu es plutôt frileuse, quatre livres et rien de plus.
Au-delà de la fenêtre, le souci remplit la rue.
Notre maison…
Quand nous sortons et on se sépare, tu retrouves l’Univers dont je n’ai jamais fait partie,
et moi, mon monde fou et dispersé.
Je me laisse emporter par les courants du hasard et, loin de moi,
je sais que tu ris, tu t’agites, tu te bats… et c’est très bien comme ça.
Nous sommes avec des gens que nous aimons, en dehors de l’intersection
qui nous appartient, et nous continuons à vivre, avec la profonde conviction
que nous nous avons l’un à l’autre quelque part. Et que, lorsque
j’aurai besoin de toi ou tu me chercheras,
elle serà là à nous attendre,
notre maison…
(1) : L’Eixample est la partie de Barcelone qui se trouve entre la Place de la Catalogne et l’ancienne ville de Gràcia.